Je vous propose un petit jeu... à la mode du XIXème siècle.
Le Questionnaire de Proust, vous connaissez?
Eh bien sachez qu'avant que le plus illustre des mangeurs de madeleines n'en invente sa version, c'était un jeu anglais intitulé "Confessions".
Et croyez-le ou non, ça faisait un tabac à l'époque, y compris dans la bonne société française. Faute de Play Station...
Bref, j'aimerais vous livrer quelques-unes des réponses données par une jeune femme de 24 ans, en 1888.
_ Votre principale vertu ?
_ Je n'en ai pas : elles sont toutes ennuyeuses.
_ Votre trait de caractère principal ?
_ Le caprice et l'inconstance.
_ Votre occupation favorite ?
_ Ne rien faire.
_ Votre idée du malheur ?
_ Etre la mère de plusieurs enfants.
_ La qualité que vous préférez chez un homme ?
_ D'obéir à sa femme.
_ La qualité que vous préférez chez une femme ?
_ De bien faire enrager son mari.
_ Pour quoi faites-vous le plus preuve de tolérance ?
_ Je tolère tous mes défauts, mais pas du tout ceux des autres.
Alors je ne sais pas vous, mais perso j'ai impression qu'il y a comme un stéréotype qui se dessine là-dedans. Celui de la fille imbuvable. Arrogance, égoïsme, prétention : elle coche toutes les cases.
Et pourtant... ces réponses témoignent d'une vivacité d'esprit, d'une intelligence incisive et d'un sens de la provocation qui forcent le respect, vous ne trouvez pas? Surtout pour une fille de bonne famille au XIXème siècle, dont on attendait plutôt une posture de soumission et un respect des conventions.
Après tout, peut-être que pour marcher sur le chemin de l'émancipation, il faut accepter de piétiner un peu la bienséance... et prendre le risque d'être là où ne nous attend pas.
Au fait, cette jeune femme, c'était Camille Claudel.
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