top of page
Rechercher
  • Grégoire Jeanmonod

La culture sous cloche ?


Certains nous parlent de la nécessité de "protéger notre culture" ? Voilà pourquoi ça me met en rogne.


La peintre Tamara de Lempicka, souvent qualifiée "d'icône de l'Art Déco", a été dans les années 1920 la coqueluche de la haute société européenne, puis américaine.


Dans ses mœurs comme dans son art, elle n'a jamais pris au sérieux les conventions de son temps.


Ouvertement bisexuelle, hédoniste et scandaleuse, elle avait érigé la liberté en art de vivre. C'est d'ailleurs peut-être ça qui a séduit le Tout-Paris des Années Folles, celui des mondains et des poètes, des intellos et des artistes, des aristos et des dépravés.


Mais si elle est entrée dans l'Histoire, c'est avant tout pour sa peinture si singulière. "Je veux qu'au milieu de cent autres, on remarque une de mes œuvres au premier coup d'œil." Et elle a gagné son pari.


Pour comprendre d'où vient ce style si particulier, il faut se lancer dans une petite bio express.


Née en Pologne, elle a passé son enfance à St-Petersbourg.

A la Révolution de 1917, sa famille à émigré à Paris où elle a découvert le Louvre et ses chefs d'œuvre de la Renaissance italienne.

Elle a ensuite été l'élève des peintres Maurice Denis - lui-même influencé par l'art oriental et les estampes japonaises - et André Lhote - cubiste amateur d'art africain.

Puis, après 15 années d'excès et de succès à Paris - alors ville la plus cosmopolite du monde -, elle a épousé un Hongrois avec qui elle s'est installée à New York.


Dans ces conditions, combien d'influences étrangères, directes ou indirectes, ont enrichi son travail ?


Car chacune de ces rencontres a nourri sa peinture. Ses visages ovales, ses drapés élégants et ses volumes géométriques sont issus de ce métissage culturel.


Tamara de Lempicka c'est une Expo Universelle à elle toute seule. Et c'est ça qui fait la force de son art.


Mais si elle est un cas d'école, elle n'est pas une exception.


En fait, ce qui est vrai pour elle l'est pour nous tous. Car c'est vrai pour la culture au sens large.


Qu'on le veuille ou non, nos modes de vie et de pensée sont les fruits d'un long processus d'assimilation de savoirs et de coutumes venus d'ailleurs.


La culture vit et grandit au fil de ses rencontres avec l'altérité. C'est comme ça qu'elle évolue, se développe et se déploie. C'est à la fois son moyen d'exister et sa raison d'être.


Alors oui, il est légitime de perpétuer nos traditions. Elles portent le souvenir de nos ancêtres.

Et oui, il est nécessaire d'entretenir notre patrimoine. Il est notre héritage.


Mais se replier sur nous-mêmes en prétendant protéger notre culture n'a pas de sens. Elle n'est pas une forteresse assaillie, mais un bien commun qui s'enrichit au contact des autres.


La culture ne veut pas être défendue ; elle veut être nourrie et partagée. Donc ouverte. Sinon, elle s'étiole.


Tamara de Lempicka l'avait bien compris. Puisse-t-elle nous inspirer.


A bon entendeur... ;)

Comentarios


bottom of page